Arnon Grunberg

Le Monde

'La lecture de son nouveau roman, Des bons gars, donne cependant l’impression que quelque chose a changé. Si la placi­ dité apparente de ses phrases recouvre toujours une puissante dose d’ironie, la tessiture de celle­ci s’est modifiée. On la sent moins rude ou ricanante. «Pour moi, dit l’écrivain, l’ironie est un sujet sérieux, en littérature comme dans la vie. Parce qu’elle brouille le sens d’une phrase, l’ouvre, elle est la condition d’un dialogue. Elle est ce qui permet de changer de pers­pective, d’observer un personnage ou un sujet sous d’autres aspects que ceux qui apparaissent directement.» Concernant Des bons gars, elle a ceci de particulier (par rapport à plusieurs de ses précédents livres) qu’elle ne s’exerce pas au détri­ment de son protagoniste, Geniek, dit «le Polonais», ce pompier qui a perdu son fils aîné et cherche comment continuer à vivre parce qu’il a un autre enfant, et pas le choix. Elle semble être pour l’auteur une manière, à la fois retorse et émou­vante, de témoigner sa commisération à l’égard de celui­ci (et du genre humain en général) sans en faire des tonnes.’

Interview in Le Monde (17 12 21), conducted by Raphaëlle Leyris.