Arnon Grunberg

Un futur

Slave

Raphaëlle Leyris is rather critical in Le Monde about Houellebecq’s last novel "Soumission":

“C’est énoncé comme une évidence, dans les premières pages de Soumission : « Je ne suis pour rien du tout, tu le sais bien. » Voilà peut-être ce qui définit le plus précisément François, 44 ans, héros du sixième roman de Michel Houellebecq – le plus médiocre, il faut tout de suite le dire, de l’écrivain. Spécialiste universitaire de Joris-Karl Huysmans – avec lequel il va tisser tout au long du livre un réseau de correspondances –, apathique, François observe le monde qui l’entoure avec son détachement pour seule vague revendication.”

(…)

“Livre piégé politiquement, Soumission est un livre moyen littérairement, par la faute notamment de sa recherche de neutralité : elle consiste à déléguer de très longs passages aux monologues des interlocuteurs de François (lequel, bien sûr, ne dit pas grand-chose), qui, s’ils peuvent être brillants ou intéressants – pas tous –, trahissent une certaine lassitude de l’auteur à l’égard des exigences de la fiction, du travail de construction et de précision qu’elle requiert. C’est le même effet que produit, du reste, son choix de décalquer l’univers technologique et médiatique de 2022 sur celui d’aujourd’hui, sans même faire semblant de jouer un minimum le jeu de l’anticipation.”

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Emmanuel Carrère is in the same newspaper much more positive:

"La résistance n’intéresse pas Houellebecq. Il pense que l’Occident est foutu, tellement foutu qu’il n’y a plus rien à en regretter. Il pense que la liberté, l’autonomie, l’individualisme démocratique nous ont plongés dans une détresse absolue – détresse que personne n’a décrite mieux que lui. S’il reste un espoir en dehors de l’extinction pure et simple (à laquelle on sent bien qu’il ne serait pas hostile), il viendra de ce que nous nous représentons comme les pires menaces pour notre civilisation et pour l’idée que nous nous faisons de l’humanité : le clonage dans Les Particules élémentaires et La Possibilité d’une île, l’islamisme ici. Ce que nous redoutions le plus, c’est ce qui, une fois passé de l’autre côté, nous semblera le plus désirable – au point qu’on s’étonnera de pas l’avoir désiré plus tôt. Ce renversement radical des perspectives, c’est ce qu’en termes religieux on appelle une conversion, et en termes historiques un changement de paradigme. C’est de cela que parle Houellebecq, il ne parle jamais d’autre chose, il est pratiquement le seul à en parler, du moins à en parler ainsi, comme s’il avait accès aux livres d’histoire du futur – à supposer qu’il y ait encore des livres d’histoire, et un futur –, et c’est pour cela que nous le lisons tous, médusés."

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To believe that the West is ruined beyond repair is not so much an analysis -- it’s sentimentality disguised as analysis. It’s reversed orientalism. But sentimentality has always been Houellebecq’s biggest enemy. Sentimentality prevents us from seeing and observing well. The oversentimental man and the sex-addict, they are both slaves. One is the slave of his tears; the other is the slave of his male member.

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