Arnon Grunberg
En 3 mots,
2008-01-12
2008-01-12, En 3 mots

Le Bonheur attrapé par un singe d'Arnon Grunberg


Yaël Hirsch

Après la parution du « Messie Juif », très grand roman baroque, drôle et touffu aux Editions Héloïse d’Ormesson en septembre, Arnon Grunberg s’impose à nouveau en cette rentrée de janvier comme un des plus grands écrivains néerlandais.
Jean-Baptiste Warnke est un parfait diplomate néerlandais en poste à Lima à la fin des années 1990. Soigné et méticuleux jusqu’à la transparence, père de famille modèle, et matérialiste sans excès, il fait partie sans fierté ni honte de ces « sous-bouffons généraux » que fustigeait Albert Cohen dans « Belle du Seigneur ». Deux traits le caractérisent cependant : sa capacité au bonheur et à la gratitude le rendent sympathique, une certaine raideur, mais en revanche son obsession néerlandaise du politiquement correct social-démocrate l’aveuglent sur les enjeux humains qui peuvent exister sous la croûte des conventions diplomatiques. Jusqu’au jour où son chemin pourtant bien balisé dans les quartier les plus chics de la ville croise celui de la très jeune et très pulpeuse Malena...
Quittant l’hyperbole joyeuse et scandaleuse qui caractérisait le « Messie Juif », Arnon Grunberg ne se départit pas de son ironie mordante pour faire le portrait d’un fonctionnaire néerlandais si bien zélé qu’il ne fait pas d’excès de zèle. Le pétage de plomb du bonhomme est assez jouissif, puisqu’il le rend enfin intéressant. Sorte de Scarlet O’Hara de la diplomatie hollandaise, le trop correct Warnke se s’anime que lorsqu’il a déjà foutu sa vie et sa carrière en l’air. En moins de 150 pages, c’est tout familial.